À peine deux semaines de fermeture, et l'établissement Saint-Joseph de Vendôme, privé de ses forces, vives semble désert.
Drôle d'impression pour les habitués de ce creuset pédagogique et social. Pourtant, au delà du portail, des drapeaux en berne et des portes closes, l'émulation intellectuelle ne tarit pas. Loin des murs et du contexte des cours classiques, élèves et enseignants travaillent autrement.
En effet depuis deux ans, lycéens et professeurs utilisent Classroom. C'est une plateforme de travail numérique qui permet de renforcer la collaboration entre apprenants. Par ailleurs, cette solution interactive permet au professeur de réunir sa classe pour proposer des situations d'apprentissage à ses élèves en direct. L'accès à cet univers des compétences du XXIe siècle est rendu possible grâce aux chromebooks ou tout autre type d'ordinateur.
À ce propos, Olivier Daudé, chef de l'établissement, précise que ces nouveaux outils ont permis d'éduquer les jeunes à l'usage modéré et intelligent des technologies modernes. « En plus de préparer les jeunes au Postbac et au monde professionnel, l'idée était de proposer aux élèves absents des ressources en leur adressant des supports de cours et exercices via un environnement technologique sécurisé. », poursuit-il.
Une généralisation avec le virus
Face au spectre de propagation du covid-19, l'équipe de direction et le responsable des services informatiques avaient, en amont, réfléchi et mis en place un dispositif qui permettrait d'assurer une continuité pédagogique. Le choix fut très vite porté sur un mécanisme d'apprentissage exploité au lycée général. Loin de remplacer le suivi et l'accompagnement au quotidien, cette plateforme présente tout de même des avantages dont l'efficacité a été prouvée lors de longs séjours à l'étranger de certains apprenants.
Concrètement chaque professeur a créé un espace dédié à sa discipline, constitué de deux parties : flux et travaux. Chacune d'elles offre des fonctionnalités différentes. Il y a d'une part le mur d'informations et d'autre part la partie structurée dans laquelle se trouve l'ensemble des contenus pédagogiques. Les groupes classe ont été par la suite invités, à partir des identifiants dont dispose chaque élève. Ces derniers sont constitués du nom et du prénom suivi d'un @ stjo41.fr. L'acception de l'invitation par l'adolescent a généré automatiquement l'accès à la classe virtuelle. Dès cet instant, un cadre de travail personnalisé a été enclenché.
Pour mener à bien cette immersion électronique, la structure scolaire est accompagnée par Jean-Louis Schaff, Expert en usage du numérique en milieu scolaire et Julien Acou, professeur de mathématiques et Référent informatique de Saint-Joseph. Sur place ou à distance, les deux hommes s'occupent de la formation des professeurs. Ils sont secondés par d'autres enseignants qui épaulent leurs collègues.
Maintenir le lien humain
Dès mardi 17 mars, tous les professeurs avaient mis en ligne leurs cours. Cela aurait également pu être effectif à partir de lundi mais l'équipe de direction a préféré consacrer cette journée à une concertation sur l'harmonisation des pratiques et du suivi individualisé. Un tel déploiement a permis aux élèves de ne pas se sentir abandonnés.
De plus, tout au long de la journée, des échanges écrits et visioconférences ont lieu grâce aux applications « chat » et « meet » de Gsuite. C'est ce qu' a apprécié Flora, élève de cinquième. « Ce qui m'a surtout aidée et rassurée c'était le fait de me dire que je pouvais, à tout moment, me tourner vers mes enseignants en cas de difficulté. Tous étaient réactifs. Nous travaillons autant qu'en classe, avec des cours structurés, des explications et des évaluations. De cette façon, je ne suis pas inquiète pour la suite. », confie-t-elle. C'est un avis que partage Gonzague, en classe de troisième. « Je m'estime chanceux par rapport à d'autres élèves même s'il est vrai que mon quotidien se trouve un peu bouleversé, comme celui de tout le monde d'ailleurs. Contrairement à certains de mes amis, on ne nous demande pas de faire des photocopies. Classroom est fiable et bien organisé. », raconte l'adolescent. Les parents ne sont pas en reste : « Je tiens à adresser un grand bravo à l'ensemble de la communauté éducative pour l'organisation mise en place et la communication. Ils ont, rapidement et dans l'urgence, su s'adapter à une situation très compliquée. Encore une raison qui fait que je suis heureuse que ma fille fréquente l'établissement. », témoigne Madame Chassin de Kergommeaux, parent d'élève.
D'autres initiatives visant à prendre en charge au mieux les jeunes sont également mises en place. Pour apporter du dynamisme et de la motivation, Franck Chopard et Julien Acou, enregistrent régulièrement des vidéos mettant en scènes leurs situations d'enseignement. Elles sont souvent accompagnées par des consignes favorisant l'interaction et invitant à gagner progressivement de l'autonomie.
Une équipe solidaire
En plus d'accueillir les enfants des soignants, l'établissement a puisé dans ses stocks pour prêter 28 ordinateurs portables à toutes les familles qui n'en disposaient pas ou qui étaient en panne. Ce geste a été salué par par tous les bénéficiaires.
Pour aider les parents en difficulté sur le maniement de l'ordinateur, des tutoriels ont été conçus. Il est aussi possible de bénéficier d'une aide en contactant la direction ou les professeurs principaux.
« Cette situation inédite aura également remis en lumière la force de la solidarité qui existe dans notre équipe pédagogique, et le plus souvent dans la bonne humeur ! », affirme Pauline Arquez, enseignante de lettres. Le climat lié au confinement est morose, certes, mais il ne marque pas la fin d'une vie. À Saint-Joseph, cette période est propice à l'introspection et à la recherche de méthodes pédagogiques innovantes. En attendant la reprise prochaine, chacun chemine, apprend, tâtonne virtuellement avec les autres et pour le bien-être de tous.
Rodolphe NDONG NGOUA